A mon propos
C’est après ses études d’art à Bruxelles qu’elle se tourne vers la céramique. Ce qui l’a attirée, c’est contact directe des mains avec la matière. Mais elle éprouve aussi une fascination profonde lorsqu’elle redécouvre les possibilités que peuvent offrir le travail des émaux, lors de sa résidence à l’atelier de céramique d’Argentona en Espagne. Ensuite, l’ambiguïté qu’il y a dans l’histoire même de la céramique, entre art et artisanat, permet à sa pratique de trouver une nouvelle résonance.
Elle souhaite, entre autres, questionner les procédés établis à travers la transformation d’objets usuels. Ayant toujours eu un enchantement certain pour les objets du quotidien, ils sont ici un point de départ permettant d’explorer la symbolique des pratiques culturelles.
Le symbolique et le culturel s'expriment aussi à travers son utilisation du pain et du vin dans ses pièces. Ainsi, ce qui l’intéresse tout particulièrement est l’exploration du repas en tant que moment de rite et de partage. Qu’il soit de mets, mais aussi d’idées, de souvenirs et de culture. C’est le moment où les comportements peuvent se cristalliser. Elle y injecte également une réflexion sur le plaisir et la jouissance. Ceux qui, poussés à leurs extrêmes, peuvent mener aux excès et à une souffrance physique et psychique.
C’est ce fil ténu entre plaisir et tourment, familier et inquiétant, qu’elle désire extirper. Par son travail, elle souhaite provoquer une réflexion sur des gestes quotidiens banals qui peut devenir d’une vraie complexité émotionnelle. Il lui arrive souvent de brouiller les frontières entre trois intimités : celles du corps, de la psyché et de l’espace domestique.
Dans ses objets inspirés des arts de la table, elle utilise l’imaginaire du conte pour créer une narration entre rêve et cauchemar, et ainsi souligner une impression de familier pouvant devenir inquiétant dans sa dimension onirique.
La redondance des thèmes du domestique et du repas lui permet d'aborder la transmission de la culture, mais aussi de ses traumatismes. Les choses tues ont un réel impact sur les générations suivantes. Les traumatismes s’impriment dans nos gènes comme des cicatrices.